Publié sur Libye : les révélations se succèdent sur les raisons de l’intervention franco-britannique
La Libye est revenue dans l’actualité le 20 octobre dernier, à l’occasion du 6ème anniversaire du décès de l’ancien chef d’État Mouammar al-Kadhafi.
Celui-ci avait été brutalement assassiné par des « rebelles » soutenus par l’OTAN, dans le cadre de son intervention lancée en mars 2011, et qui a pris fin le 31 octobre de la même année, quelques jours après la mort du colonel libyen.
Rappelons que cette guerre à laquelle la France a participé activement, a tué des milliers de personnes et a plongé la population libyenne dans une catastrophe humanitaire toujours en cours. À la suite du renversement de Kadhafi, les combats entre des centaines de milices pour le contrôle des riches ressources de la Libye ont conduit à l’exil 2 millions de personnes, vers la Tunisie, l’Égypte et ailleurs, et le déplacement interne de centaines de milliers d’autres.
Selon un rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies publié l’été dernier, au moins 1,3 million de personnes (soit 20% de la population) sont encore dans la pénurie de nourriture et de logement, et ont besoin d’une aide humanitaire urgente, dans un pays qui autrefois bénéficiait d’une prospérité économique et de stabilité et avait le plus haut classement de l’indice de développement humain (IDH) en Afrique.
Le conflit libyen est aussi revenu en pleine lumière dans l’hexagone suite aux révélations contenues dans le sulfureux ouvrage de deux journalistes français d’investigation, Fabrice Arfi et Karl Laske, révélant la relation entre l’ancien président Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi.
En effet, dans un livre intitulé « Avec les compliments du guide, Sarkozy-Kadhafi, l’histoire secrète », sorti cette année, les deux auteurs rendent compte d’une enquête minutieuse qui conduit aux sources des relations entre la présidence Sarkozy et le régime du Colonel libyen, tué en 2011.
Les journalistes y établissent ainsi des liens suspects, voir directs, entre des financements libyens au profit de Nicolas Sarkozy et ses proches, et la guerre qui ne cesse de détruire la Libye.
En s’appuyant sur des documents irréfutables, authentifiés par la justice française et celles d’autres pays occidentaux, Arfi et Laske citent des financements que Kadhafi a donnés aux responsables français, notamment durant la période allant de 2006 à 2007, qui a précédé l’élection présidentielle de 2007 qui a porté Nicolas Sarkozy à la présidence du pays.
Les journalistes soupçonnent donc Sarkozy d’avoir provoqué l’intervention française en Libye pour entre autres, cacher ces documents le remettant en cause, et non pas pour les raisons humanitaires invoquées auprès de l’opinion publique.
Ces révélations viennent relancer la thèse de l’assassinat de l’ancien dirigeant libyen par les services français, qui avait été évoquée par une enquête du journal italien « Corriere della Sera » datant de 2012 et recoupée par une autre enquête du quotidien britannique « The Telegraph ».
Une théorie qui contredit la version officielle selon laquelle ce sont les rebelles des brigades révolutionnaires qui ont arrêté puis tué d’une balle dans la tête le colonel Kadhafi.
Selon le « Corriere » et « The Telegraph », Nicolas Sarkozy aurait souhaité la mort de Kadhafi pour l’empêcher de faire des révélations sur le versement de grosses sommes d’argent qu’il lui aurait données pour financer sa campagne présidentielle en 2007.
Une thèse que le journaliste David Pujadas avait relayée durant l’émission politique de France 2 du 15 septembre 2016 lorsqu’il avait clairement mis en cause l’ex-président Sarkozy dans l’assassinat de Kadhafi, en lui posant la question de savoir s’il ne regrettait pas « d’être allé jusqu’à tuer, ou faire tuer, faire livrer, le colonel Kadhafi ». Une séquence qui avait provoquée l’emportement de Nicolas Sarkozy, niant avec véhémence être responsable de la mort du dirigeant libyen.
Par ailleurs, à l’occasion de cet anniversaire, refait surface le rapport accablant de la Commission des affaires étrangères britannique qui remet en doute la légitimité de la France et du Royaume-Uni dans l’intervention militaire occidentale menée en Libye en 2011.
Selon ce document datant de septembre 2016, l’opération était basée sur « des postulats erronés » et « une analyse partielle des preuves ». D’opération limitée destinée à protéger les civils, l’intervention militaire s’est transformée en une « politique opportuniste de changement de régime ». Le gouvernement britannique « n’a pas pu vérifier la menace réelle que le régime Kadhafi faisait peser sur les civils et a échoué à identifier les factions islamistes radicales au sein de la rébellion ».
Les parlementaires décrivent le bilan désastreux d’une intervention qui a abouti à la transformation de la Libye en « failed-state » (« État défaillant »). « Le résultat est un effondrement politique et économique, une guerre civile et tribale, une crise humanitaire et migratoire, une violation généralisée des droits de l’homme, la dispersion des armes de Kadhafi dans toute la région et l’apparition de l’État islamique en Libye», écrivent les parlementaires dans leur résumé.
Il est dommage que cette information n’ait quasiment pas été relayée de notre côté de la Manche, ou les médias continuent de faire passer l’intervention française en Libye pour une opération humanitaire.
En revanche, au Royaume-Uni, l’autre grand acteur de cette guerre coloniale, les masques continuent de tomber.
Ainsi, à l’occasion d’une réunion en marge de la conférence du Parti conservateur à Manchester le 10 octobre dernier, le controversé ministre des Affaires étrangères Boris Johnson déclarait que la Libye pourrait devenir attractive si, toutefois, elle parvenait à « se débarrasser des cadavres ».
Des propos qui ont provoqué un torrent d’appels à sa démission ou son renvoi par la Première ministre Theresa May, mais qui en réalité révèlent une triste vérité, dépourvue des paroles hypocrites habituelles.
En effet, les déclarations de Johnson reflètent fidèlement la vraie nature de la guerre britannique pour le changement de régime en Libye, et le ministre a sapé dans les termes les plus crus toutes les tentatives de faire passer ce conflit comme une intervention « humanitaire ».
Six ans après l’assassinat de l’ancien dirigeant du pays, le chaos continue de régner en Libye, pour le plus grand malheur de la population.
Les révélations se succèdent et montrent que l’opération de changement de régime orchestrée par les USA et sous-traitée à l’OTAN sous la direction de la France et de la Grande-Bretagne, était clairement de type colonial et à visées prédatrices.
Sous le faux prétexte de l’intervention humanitaire, elle n’a cherché qu’à renforcer l’impérialisme en Afrique du Nord et à piller les ressources libyennes.
Le Parti Anti Sioniste se réjouit qu’une partie de la vérité éclate et espère qu’un jour, les leaders des gouvernements responsables de ce chaos seront traduits en justice par un tribunal pour crimes de guerre. L’Histoire, elle, les a déjà jugés et condamnés.
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