Cher Monsieur le Secrétaire Général,
J’ai considéré avec attention votre message transmis par le chef de cabinet et vous assure que je n’ai à aucun moment remis en question votre droit de retirer la publication du rapport de notre site internet ou le fait que nous tous, travaillant pour le secrétariat, sommes soumis à l’autorité du secrétariat général.
Tout comme je n’ai aucun doute concernant votre engagement envers les droits de l’homme en général, et votre position ferme concernant les droits du peuple palestinien.
Je comprends aussi vos préoccupations, particulièrement dans ces temps difficiles qui vous laissent peu de choix.
Je ne suis pas insensible aux attaques vicieuses et aux menaces qui pèsent sur les Nations Unies et sur vous personnellement de la part d’importants États Membres en réponse à la publication du rapport de l’ESCWA intitulé « Les pratiques d’Israël envers les Palestiniens et la question de l’apartheid ».
Je ne trouve pas surprenant que de tels États Membres, qui ont maintenant des gouvernements qui se préoccupent peu des normes et valeurs internationales concernant les droits humains, aient recours à l’intimidation quand ils trouvent difficile de défendre leurs politiques et pratiques illicites.
Il est normal que des criminels mettent la pression et attaquent ceux qui défendent la cause de leurs victimes. Je ne peux pas me soumettre à une telle pression.
Ce n’est pas en vertu de mon statut de fonctionnaire international mais en vertu de mon statut d’être humain honnête, que je crois, comme vous, dans les valeurs et principes universels qui ont toujours été les lignes de conduite du bien dans l’histoire humaine, et sur lesquels une organisation comme la notre, les Nations Unies, est fondée.
Comme vous je considère que la discrimination envers toute personne au motif de sa religion, de sa couleur de peau, de son sexe ou de son origine ethnique est inacceptable, et que de telles discriminations ne peuvent être rendues acceptables par les calculs de l’opportunisme ou du pouvoir politique. Je considère de plus que les peuples ne devraient par seulement avoir le droit de dire la vérité au pouvoir mais ils ont le devoir de le faire.
En l’espace de deux mois, vous m’avez demandé le retrait de deux rapports produits par l’ESCWA, pas à cause de fautes que l’on aurait commises dans ces rapports, et probablement pas parce que vous étiez en désaccord avec leur contenu, mais à cause de la pression politique exercée par des États Membres qui violent gravement le droit des peuples de la région.
Vous avez vu que les peuples de cette région vivent une période de souffrance inégalée dans l’histoire moderne, et que le nombre considérable de catastrophes aujourd’hui résulte du flot d’injustices qui furent ignorées, camouflées ou ouvertement approuvées par des gouvernements puissants à l’intérieur et à l’extérieur de la région.
Ces mêmes gouvernements sont ceux qui vous mettent sous pression pour faire taire la voix de la vérité et l’appel pour la justice présentés dans ces rapports.
Étant donné ce qui précède, je ne peux que maintenir les conclusions du rapport de l’ESCWA comme quoi l’État d’Israël a établi un régime d’apartheid qui recherche la domination d’un groupe racial sur un autre. Les preuves fournies dans ce rapport rédigé par des experts de renom sont nombreuses. Tous ceux qui ont attaqué ce rapport n’ont pas eu un mot pour son contenu.
Je considère comme mon devoir de mettre en lumière le fait légalement et moralement indéfendable qu’au 21eme siècle existe encore un État d’apartheid, plutôt que de supprimer les preuves. En disant cela je ne clame aucune supériorité morale ou vision supérieure.
Ma position est influencée par une vie d’expériences où j’ai vu les conséquences désastreuses pour la paix quand on bloque les plaintes des peuples dans notre région.
Je réalise que je n’ai que peu de choix. Je ne peux pas retirer maintenant un autre dossier des Nations Unies bien documenté et faisant suite à des recherches approfondies sur les violations graves des droits humains bien que je sache que des instructions claires du secrétaire général doivent être appliquées rapidement.
C’est un dilemme que je ne peux résoudre que par ma démission pour permettre à quelqu’un d’autre de fournir ce que je ne peux fournir en bonne conscience. Je sais que je n’ai plus que 2 semaines à mon poste ; ma démission n’est donc pas destinée à exercer une pression politique.
C’est simplement parce que je pense que c’est mon devoir envers les peuples que nous servons, envers les Nations Unies et envers moi-même, de ne pas retirer un témoignage honnête sur un crime en cours qui est à la racine de tellement de souffrances humaines. En conséquence, je vous remets par la présente ma démission des Nations Unies.
Avec tous mes respects,
Rima Khalaf
Cet article Lettre de démission du secrétariat exécutif de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale est apparu en premier sur Parti Anti Sioniste.
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