Friday, November 25, 2016

L’Egypte change de cap

Publié sur L’Egypte change de cap

abdel-fattah-al-sissi

abdel-fattah-al-sissiCertains signaux montrent que l’Égypte du maréchal Al-Sissi est en train de réajuster sa politique régionale, notamment concernant le dossier syrien.

En effet, la récente visite du chef de l’Agence de la sécurité nationale syrienne au Caire, le vote égyptien en faveur du projet de résolution russe au Conseil de sécurité et la présence du représentant du Caire à la réunion de Lausanne, et le soutien publique du président Al-Sissi envers l’armée syrienne sont autant d’éléments qui laissent à penser que le pouvoir égyptien travaille à replacer le pays des pharaons en tant qu’acteur majeur du Moyen-Orient.

La visite officielle, la semaine dernière, du général Mamlouk, chef de la sécurité nationale syrienne, en Égypte, a confirmé l’optimisme retrouvé au sujet d’une contribution plus efficace du Caire dans le règlement de la crise syrienne. Cette visite revêt une importance politique considérable et transmet de nombreux messages, dont le plus important consiste en l’annonce claire de la position égyptienne envers le conflit syrien, consistant à opter pour une solution politique en écartant l’option militaire.

Déjà, des sources non officielles font état d’une prochaine coopération militaire entre les gouvernements syriens et égyptiens dans la lutte contre le terrorisme, allant même jusqu’à prétendre que Le Caire aurait envoyé des forces militaires en Syrie.

Par ailleurs une autre information fait état de l’arrivée d’un groupe d’officiers de l’armée égyptienne début novembre à Tartous, ville située sur la côte méditerranéenne de la Syrie, pour s’entraîner auprès de conseillers militaires russes.

Bien que les armées égyptienne, russe et syrienne n’aient pas confirmé toutes ces informations, il n’est pas fortuit qu’elles apparaissent au moment où Le Caire semble s’orienter vers une autre politique régionale, moins alignée sur celle de l’axe Washington Tel-Aviv.

Il n’est d’ailleurs certainement pas innocent que le passage de Rafah, frontalier entre Gaza et l’Égypte, ait été rouvert pour quelques heures à la mi-novembre après plusieurs semaines de fermeture. De même, une délégation de haut niveau de la direction du mouvement de résistance « djihad islamique palestinien », a été reçue au Caire à la même date, pour discuter de l’évolution de la situation palestinienne et de la relation avec l’Égypte.

Mais l’évènement qui revêt certainement une importance capitale est le soutien apporté l’armée syrienne par le président égyptien, en visite d’État au Portugal mardi 22 novembre, lors d’une interview accordée la télévision publique portugaise RTP.

En effet, répondant à une question relative à un probable rôle de L’Égypte pour le maintien de la paix en Syrie sous l’égide de l’ONU, le président égyptien a déclaré que « la priorité » de son pays était de « soutenir les armées nationales » en Libye, en Irak et en Syrie. Au journaliste qui voulait savoir s’il s’agissait de l’armée syrienne, il a répondu « oui ».

C’est ainsi la première fois qu’Abdel Fattah al-Sissi prend publiquement position en faveur de l’armée nationale syrienne et donc du président syrien Bachar al-Assad.

Mais cette réorientation de la politique étrangère égyptienne ne fait pas que des heureux, notamment l’allié saoudien avec qui les relations se sont tendues considérablement.

En effet, malgré leurs efforts pour préserver une unité apparente, des désaccords significatifs sont apparus entre les deux pays sur différentes questions – principalement l’ouverture de l’Arabie saoudite envers la Turquie et les Frères musulmans, que l’Égypte considère comme des ennemis, et dans le sens inverse, des indications d’un possible rapprochement entre l’Égypte et l’Iran, ainsi que la position de l’Égypte sur la Syrie. L’Arabie saoudite est également très déçue par l’étendue limitée de la coopération égyptienne avec elle dans sa guerre contre les Houthis au Yémen, et par l’incapacité de l’Égypte à mettre en œuvre à ce jour l’accord sur le transfert des deux îles de Tiran et Sanafir, qui devaient être cédées à Riyad.

La colère saoudienne a également été déclenchée par la participation d’une importante délégation égyptienne, dirigée par le mufti égyptien Shawki Allam, le cheikh d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayeb, et le conseiller d’Al-Sissi Ossama Al-Azhari, lors d’une conférence de religieux musulmans à Grozny fin août 2016. Les religieux saoudiens n’étaient pas invités à cette réunion, dont la déclaration finale a émis une condamnation du wahhabisme et du salafisme, les excluant du cadre du sunnisme. L’Arabie saoudite a considéré cette conférence comme un complot contre son statut de dirigeant du monde sunnite et adressé de vives critiques à l’Égypte pour sa participation à cet événement.

Le soutien de l’Égypte au projet de résolution russe a révélé de façon flagrante l’existence d’un conflit avec l’Arabie saoudite sur la crise syrienne, et résulte d’une démarche égyptienne indépendante qui a placé le pays hors du camp saoudien. La position de l’Égypte sur la résolution de la crise syrienne apparait désormais plus proche de celle de la Russie, alliée de Damas, que de celle de Riyad.

Conséquences de ces divergences, le Royaume wahhabite a commencé à prendre des mesures économiques afin de faire plier Le Caire. Ainsi, deux jours après le vote au Conseil de sécurité des Nations unies, la compagnie pétrolière saoudienne Saudi Aramco a suspendu la fourniture de pétrole à l’Égypte, alors que Saudia Airlines, compagnie aérienne nationale saoudienne, n’a pas approuvé les vols d’Egyptair vers l’Arabie saoudite.

Ces décisions ont été considérées en Égypte comme des sanctions économiques de la part de Riyad, et en réaction, Le Caire a cherché d’autres fournisseurs pétroliers, d’autant plus que l’Iran et le Venezuela se sont déjà porté candidats. Des rumeurs font ainsi état d’une « visite secrète » du ministre égyptien du Pétrole en Iran, alors que la presse égyptienne préconise une normalisation des rapports avec l’Iran.

Ces mesures de rétorsion se font d’autant plus sentir que le pays est secoué par une violente crise économique, entrainant la décision du Fonds monétaire international (FMI), cette semaine, d’accorder une ligne de crédit de 12 milliards de dollars à l’Égypte, en échange de mesures d’austérité qui vont certainement mettre à cran une population déjà malmenée par la crise.

Il est évidemment prématuré d’affirmer que le Caire est sorti du giron américain, mais il semble clair que le gouvernement égyptien réoriente sa politique régionale dans une nouvelle direction.

Bien que sa situation de dépendance économique vis-à-vis de l’occident rende la tâche très difficile, le Parti Anti Sioniste souhaite que l’Égypte redevienne très vite un acteur majeur au Moyen-Orient, en recouvrant sa totale souveraineté, afin de défendre l’intérêt de son peuple ainsi que celui des populations opprimées de la région.

Nul ne doute que les sionistes observent de près la situation, car ils savent bien que si l’Égypte venait à rejoindre l’axe de la résistance, c’est la face de tout le Moyen-Orient qui en serait changée.

 

Yahia Gouasmi Président du Parti Anti Sioniste
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste

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