Publié sur Bahreïn : risque d’embrasement régional
L’affrontement par procuration entre Riyad et Téhéran se poursuit sur un nouveau front, celui du petit royaume insulaire de Bahreïn, satellite de l’Arabie Saoudite.
En effet, cette minuscule île du golfe Arabo-Persique, pur produit de l’ancien empire britannique et que l’Iran a toujours considéré comme sa 14e province, est, avec le Yémen, un autre théâtre de la rivalité entre le royaume wahhabo-sioniste et la République islamique.
Derrière cet antagonisme, pointe la volonté à peine voilés des marionnettistes israélo-américains, de créer un conflit ouvert entre chiites et sunnites, qui ferait voler en éclat l’ensemble du monde musulman, et dans la foulée, la cause palestinienne et le combat antisioniste.
La tension est montée d’un cran le mois dernier, avec la décision des autorités bahreïnies de déchoir de sa nationalité le cheikh Issa Qassem, plus haut dignitaire chiite du pays.
Rappelons que Bahreïn est dirigée par la dynastie sunnite des Al-Khalifa dans un pays où 70 % de la population est de confession chiite et, le plus souvent, d’origine persane. Le chef religieux, connu pour ses critiques récurrentes contre la famille royale et le gouvernement de Manama, a été accusé « d’encourager le confessionnalisme » et de « servir des intérêts étrangers », autrement dit de promouvoir le chiisme et d’être inféodé à l’Iran.
Pour Téhéran, une « ligne rouge a été franchie ». Le général Qassem Souleimani, commandant des gardiens de la révolution et ennemi juré de l’empire américano-sioniste et de ses vassaux wahhabites, s’est immédiatement fendu d’une déclaration incendiaire :
« L’agression contre l’ayatollah Issa Qassem est une ligne rouge qui, une fois franchie, va enflammer Bahreïn et toute la région », avant de prédire « le début d’une sanglante intifada. »
Face à ces déclarations, les autorités saoudiennes ont immédiatement réagi en assurant que leur pays veillerait « à l’intégrité et à la sécurité de Bahreïn ». Rien d’étonnant quand on sait que l’Arabie saoudite s’est toujours posée en protectrice des Al-Khalifa, protection s’apparentant plutôt à une tutelle de fait. On se souvient qu’en mars 2011, les troupes saoudiennes et émiraties n’avaient pas hésité à emprunter la fameuse « chaussée du roi Fahd », ce pont reliant la rive orientale saoudienne à l’île, pour mettre fin au soulèvement populaire qui menaçait de faire tomber la monarchie.
Pas question pour Riyad et ses parrains sionistes de laisser s’installer à la place de ce royaume répressif, un nouveau régime allié à Téhéran et donc à l’axe de la résistance.
Du point de vue de la situation interne, le pays connaît une répression continue contre les opposants dont les médias internationaux parlent peu. Arrestations arbitraires, déchéances de nationalité suivies parfois d’expulsion, tortures : le régime veut faire taire la contestation qui n’a jamais cessé depuis 2011 et que l’on décrit à tort comme confessionnelle alors que les revendications sont d’ordre politique.
État de droit, justice, liberté d’expression, exercice démocratique de la citoyenneté sont autant de mots d’ordre qui étaient brandis lors des manifestations sur la place de la Perle à Manama en 2011 et auxquels le régime a répondu par la violence et la confessionnalisation du conflit.
Il apparait clair que le pouvoir, joue sur le clivage sunnite-chiite et tente de faire passer l’idée que les opposants seraient téléguidés par l’Iran et le Hezbollah libanais.
La répression s’est déchaînée le mois dernier : déchéance de nationalité du cheikh Qassem, suivie le 21 juin, par la prolongation de la détention de l’opposant Nabeel Rajab, accusé de « diffuser de fausses nouvelles dans une tentative de discréditation de Bahreïn ».
Une semaine avant, les autorités avaient annoncé la décision de fermer le quartier général, saisir les fonds et suspendre les activités du principal groupe d’opposition, al-Wefaq. Le 11 juin, la célèbre activiste des droits de l’homme Zainab al-Khawaja a déclaré à Middle East Eye qu’elle avait été contrainte de s’exiler après avoir reçu la menace d’une autre arrestation et d’une séparation indéfinie d’avec ses enfants.
La justice du royaume bahreïni a également alourdi la peine du chef de l’opposition chiite, emprisonné depuis 2015, le cheikh Ali Salman, faisant passer sa condamnation de 4 à 9 ans de prison.
Et pour conclure cette série noire, le régime a qualifié d’illégale la tenue de la prière d’Aïd Al-Fitr célébrant la fin du mois du ramadan !
Dans trois différents rapports publiés en juin, l’ONG Human Rights Watch (HRW) affirme que Bahreïn « claque la porte à la réforme politique, tout en attisant la dissidence » et « en écrasant le mouvement d’opposition pacifique ». HRW ajoute que « la torture n’a pas pris fin à Bahreïn et que les institutions censées s’occuper de ce problème ne tiennent personne pour responsable ».
Si la monarchie affiche un mépris aussi flagrant envers les droits de ses citoyens, c’est parce qu’elle sait qu’elle ne subira aucune conséquence. En effet, mis à part les formules d’usages de l’ONU ou des États-Unis, se disant « troublés » ou « alarmés » de cette situation « préoccupante », aucune sanction n’est à craindre pour le micro-royaume.
Washington ne fera certainement pas de vagues, du fait de la présence dans le pays de la Cinquième flotte, chargée des forces navales américaines au Moyen-Orient. Il considère Bahreïn comme « un allié de longue date » dont « la sécurité et la stabilité sont centrales pour les intérêts des États-Unis en matière de sécurité dans la région du Golfe et au-delà ». Circulez il n’y a rien à voir.
Face à cette escalade répressive, la contestation est loin de s’essouffler, bien au contraire, et les déclarations du Général Souleimani semblent avoir galvanisé les protestataires qui malgré la répression continuent leur bras de fer avec le régime, comme le prouvent les diverses manifestations et sit-in organisés ces dernières semaines.
La réaction iranienne laisse à penser qu’après l’exécution ignoble par les criminels saoudiens, en début d’année, du dignitaire chiite et désormais martyr, Cheikh Nimr, Téhéran ne laissera plus rien passer.
En effet, même si une réaction vigoureuse était attendue, la virulence du propos iranien étonne. C’est une chose de dénoncer la déchéance de nationalité du cheikh Qassem, c’en est une autre que d’inciter le peuple bahreïni à abandonner les moyens pacifiques de contestation et à opter pour la révolte.
Faut-il en déduire que Téhéran a décidé de passer à l’offensive alors que, jusque-là, la tendance était plutôt à la retenue face aux Saoudiens ?
L’Iran est souvent présenté comme le gardien des intérêts chiites et, plus généralement, des opprimés de la région, et les déclarations de Souleimani apparaissent comme une menace d’armer les dissidents bahreïnis, voire d’intervention directe. Ces déclarations ont cependant été tempérées par les propos empreints de sagesse, mais aussi de fermeté, du Guide suprême iranien, Seyed Ali Khamenei, qui a affirmé que son pays n’intervenait pas dans les affaires intérieures de Bahreïn, tout en mettant en garde contre un conflit interne dans ce pays.
Le dirigeant iranien sait pertinemment que la situation est très sensible et qu’il faut absolument prendre la mesure des enjeux actuels dans la région afin de ne pas s’engouffrer dans le piège du conflit confessionnel tendu par les sionistes et leurs marionnettes du Golfe.
Le Parti Anti Sioniste condamne fermement la répression du royaume du Bahreïn à l’égard de ses citoyens, quelle que soit leur confession, et appelle notre gouvernement à en faire de même.
Il prévient une nouvelle fois l’opinion occidentale et musulmane contre le risque de conflit sunnite/chiite qui risque de dépasser le cadre confessionnel pour s’étendre, du fait des jeux d’alliance, à la planète entière.
Il est nécessaire de cesser de jouer avec le feu de la division, car les conséquences seront désastreuses pour tout le monde.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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