Publié sur Bras de fer entre l’Algérie et l’Arabie saoudite
Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Algérie se sont nettement détériorées ces dernières semaines, suite aux réserves émises par Alger quant à la décision de la ligue arabe de classer le Hezbollah libanais comme groupe terroriste.
En effet, le refus des autorités algériennes de suivre aveuglement le royaume saoudien dans cette décision, certainement prise à Tel-Aviv, a été pour Riyad la goutte de pétrole qui a fait déborder le baril et a entrainé une violente campagne médiatique contre l’Algérie, qualifiée de « traitre » ou d’«agent perse »!
Le royaume wahhabite, tel un enfant gâté aux caprices duquel on aurait refusé de céder, fait sa crise, qui n’effraye évidemment pas grand monde au pays du million et demi de martyrs, excepté les agents dont il dispose sur place et qu’il arrose allègrement de pétrodollars afin qu’ils diffusent son idéologie néfaste.
Ces dernières années, la diplomatie algérienne a retrouvé sa voix et a pu réaffirmer son positionnement traditionnel de non-ingérence, ce qui a provoqué le courroux de Saoudiens considérant ce refus d’appliquer la feuille de route sioniste comme un crime de lèse-majesté.
Malgré des relations économiques non négligeables entre les deux pays, la tentation hégémonique de la monarchie saoudo-wahhabite s’est souvent heurtée au non-alignement de l’Algérie. La crise syrienne a été le point de rupture. En effet, alors que le régime saoudien est impliqué militairement, financièrement et idéologiquement pour faire tomber Bachar Al Assad, l’Algérie est sur une position de non-ingérence.
Opposée à la chute du gouvernement légitime syrien, Alger apparaît aux yeux des Saoudiens et des Qataris comme «une fausse note» dans le «consensus arabe», et qui fausse la stratégie américano-sioniste dans la recomposition géopolitique régionale.
Ainsi, Alger s’était ouvertement opposé à la mise en place d’une coalition militaire arabe qui n’était en réalité qu’une alliance conduite par l’Arabie Saoudite pour mener la guerre à l’Iran. Lors de son expédition militaire contre son voisin du Sud, le Yémen, Riyad avait réussi à intégrer plusieurs pays sunnites dans sa «croisade» contre ce qu’elle considère comme zone d’influence perse, alors que là aussi, l’Algérie a refusé de participer à cette guerre injuste et fratricide.
Par la suite, dans sa guerre contre l’axe de la résistance et pour contenir l’Iran après la levée des sanctions occidentales contre Téhéran, Riyad a forcé la main à pratiquement tous les pays arabes pour blacklister le Hezbollah.
L’Algérie s’est abstenue lors de la réunion de la Ligue arabe, poste avancé de la stratégie des Saoudiens et de leurs maitres sioniste, empêchant ainsi une unanimité arabe sur la question, ce qui a provoqué l’ire de la pétromonarchie.
Au fond, de l’intervention militaire au Yémen à la politique pétrolière, Riyad et Alger ne sont d’accord sur rien, et si auparavant, la vieille garde saoudienne respectait la position algérienne sur les questions régionales, la nouvelle génération de dirigeants veut dicter sa loi à tout le monde, considérant toute résistance comme un acte hostile.
En réalité, le royaume a toujours vu d’un très mauvais œil l’indépendance politique et économique dont a toujours fait preuve l’Algérie, qu’il a régulièrement tenté d’affaiblir en lui créant des difficultés de toutes sortes.
La politique pétrolière américano-saoudienne de ces dernières années a ainsi fait beaucoup de mal à l’économie algérienne : en effet, dans un pays où la rente pétrolière nourrit 70 % du budget de l’État, 33 % du PIB et 98 % des recettes d’exportation, le plongeon du prix du baril dû au refus saoudien de baisser sa production a entraîné dans sa chute l’économie algérienne.
Cela a contribué à augmenter grandement le ressentiment des Algériens à l’égard des dirigeants saoudiens y compris de la part des autorités politiques.
Pour preuve, les récentes prisent de position du ministre algérien des Affaires religieuses l’influence néfaste du wahhabisme au sein des mosquées et de la société algérienne. Ce dernier a même osé pour la première fois dans l’histoire des relations avec ce royaume, refuser l’accès au prédicateur Mohamed Al Arifi, promoteur de propagande au profit du groupe terroriste Al Nosra.
Ce choix salué par une grande majorité de l’opinion publique a cependant été combattu avec virulence par les cohortes salafistes locales fortement soutenues par leurs sponsors idéologiques de la monarchie wahhabite. En effet, la plupart des partisans de la Salafiya en Algérie continuent à témoigner une indéfectible allégeance à leurs maîtres saoudiens et constituent d’efficaces relais de l’islam salafiste.
Cependant, les Algériens dans leur immense majorité honnissent le pouvoir wahhabite et ne supportent plus sa régulière ingérence dans leurs affaires internes, à l’image de l’intervention inacceptable de la chaîne satellite IQRA qui a carrément appelé à l’extermination de la communauté ibadite de Ghardaïa lors des émeutes qui ont secoué la ville l’année dernière.
Pour n’avoir pas accepté de mettre en application la feuille de route sioniste dans la région Moyen orientale et dans le reste du monde musulman, l’Algérie se voit ainsi soumise aux pressions des Saoudiens qui mènent une guerre sournoise à son encontre.
Ainsi, pour punir Alger de son non-alignement, l’Arabie a répliqué en affichant son soutien au Maroc dans le conflit du Sahara occidental, par l’annonce de projets d’investissement dans les territoires sahraouis.
Le Parti Anti Sioniste félicite l’Algérie pour sa politique d’indépendance et de non-alignement sur la stratégie sioniste, dont le principal instrument est la marionnette saoudienne.
Il est grand temps pour les gouvernements arabes et musulmans, de rompre toutes relations avec cette monarchie rétrograde, principale sponsor du terrorisme dans le monde, et qui ne cache même plus son alliance avec les sionistes.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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