Publié sur « L’Empire » reprend le Brésil en main
Huitième plus grande économie du monde, deuxième plus grand exportateur de produits alimentaires, et plus grande plate-forme industrielle dans l’Ouest émergent, le Brésil subit actuellement l’une des plus graves crises politique et économique de son histoire moderne.
En effet, le 31 aout dernier, la Présidente Dilma Rousseff, élue en 2010, a été destituée au terme d’une procédure qui mettait fin à 13 ans de gouvernements de gauche dans le plus grand pays d’Amérique du Sud.
La dirigeante était accusée d’avoir maquillé des comptes publics afin de dissimuler l’état désastreux de l’économie du pays, et c’est une majorité de plus des deux tiers requis des sénateurs qui a voté pour sa destitution. C’est désormais, c’est son ancien vice-président et rival, le très impopulaire Michel Temer (PMDB, centre droit), qui la remplace à la tête de l’état.
Si le Brésil a encore certaines difficultés à nommer ce qu’il se passe, il est pourtant clair qu’il s’agit d’un coup d’État, qui voit ainsi les élites conservatrices reprendre la main, avec la bénédiction de Washington qui a sans nul doute soutenu en sous-main cette opération qui voit le pays revenir dans son giron néo-libéral.
En réalité, le processus de destitution a plus d’arguments politiques que juridiques, car contrairement à ce que les médias aux ordres de Washington laissent croire, Dilma Roussef n’a jamais été accusé de corruption. Elle n’a détourné ni deniers publics, ni spolié des terres, ni abusé de privilèges, et l’accusation dont elle est victime est celle d’avoir manipulé les chiffres pour masquer le déficit budgétaire et contenir la crise sociale et économique.
En réalité, tous ses prédécesseurs ont eu recours à cette pratique, certes condamnable, mais qui est utilisée de façon courante dans tous les gouvernements et partout dans le monde. Ce n’est certainement pas un motif passible de destitution.
Ironie du sort, le processus de mise en accusation a été dirigé par Eduardo Cunha, président de la Chambre des députés, qui a été accusé à son tour, avec de nombreuses preuves, de crimes de corruption et de blanchiment d’argent, alors que le nouveau président, Michel Temer, est lui-même accusé de crimes de haute corruption pour plus de 40 millions de dollars.
En réalité, les causes profondes de la mise à l’écart de la présidente sont toutes autres, à commencer par une politique économique allant à l’encontre des intérêts de l’élite financière.
Lorsque, début 2012, Rousseff s’attaque aux taux d’intérêt, pour les faire baisser des niveaux les plus élevés du monde à un degré plus acceptable, elle fait un geste révolutionnaire que les détenteurs du capital ne vont jamais lui pardonner et qu’elle paye aujourd’hui. En poursuivant sur cette voie, elle souhaitait en finir avec des décennies de plein pouvoir des banquiers et contraindre les plus riches à abandonner la culture de la rente pour investir dans une politique productive.
Les élites ont peu goûté le nouveau Brésil surgi des années Lula et Dilma qui ont permis de réduire l’injustice et permis à des dizaines de millions de Brésiliens de se hisser au-dessus de la pauvreté et de rêver à l’université et à l’accès à l’emploi.
Désormais, elles peuvent compter sur le nouveau président qui est le meilleur choix pour mettre en place un projet « néolibéral ». Pour preuve, moins d’une semaine après avoir pris le pouvoir par intérim, il avait déjà démantelé tous les programmes d’inclusion sociale en matière de droits du logement, de l’éducation, de la santé et du travail, qui avaient façonné la réputation de Lula et Dilma sur la scène internationale.
Il veut aussi « privatiser tout ce qui peut l’être », y compris des crèches, des hôpitaux et des prisons et a clairement affiché sa volonté de remettre en question le Système unique de santé, le seul au monde à offrir un accès universel aux soins dans un pays de plus de 100 millions d’habitants.
Mais plus encore qu’aux élites conservatrices du pays, le départ de Dilma Rousseff profite à « l’Empire » et à ses visées prédatrices et destructrices.
En effet l’ombre américaine plane au-dessus de ce « coup d’État parlementaire », même si son rôle est complaisamment occulté par la plupart des médias ou des analystes. Car tout expert sérieux sait ce que souhaite Washington: un libre accès à toutes les richesses du pays – ses hydrocarbures, ses forêts tropicales et – notamment – ses ressources presque infinies en eaux douces, sans parler des immenses richesses minérales du Brésil
Par ailleurs, les USA font payer à Roussef son émancipation de l’hégémonie américaine (déjà fortement engagée par son prédécesseur et mentor Da Silva) ainsi que son rôle dans le dynamisme joué par les BRICS dans l’émergence d’un bloc politico-économique plus ouvert à la Russie et à la Chine, qui met en péril l’hyperpuissance américaine.
Quand il s’agit d’annihiler toute velléité de résistance à l’empire, l’entité sioniste n’est jamais bien loin.
De son coté, Tel-Aviv reproche à Dilma Roussef son soutien ferme et non négociable à la cause palestinienne avec des positions hautement courageuses contre l’entité sioniste tueuse d’enfants: le refus de l’occupation, puis le refus de Dani Dayan comme ambassadeur au Brésil en aout 2015 à cause de ses postes de direction au sein du comité représentant les colonies israéliennes en Cisjordanie.
Les pays arabes devraient s’inspirer de cette position courageuse et risquée d’une dirigeante qui n’est pourtant ni arabe ni musulmane…
Si, aujourd’hui, un camp se réjouit de la chute du Parti des Travailleurs, une minorité importante est ulcérée par cette mascarade, inquiète pour la démocratie et très pessimiste sur les chances du Brésil à se tirer rapidement de cette situation et à reprendre le chemin de la croissance économique.
Des scénarios d’explosion sociale sont aussi probablement à envisager et d’ailleurs, les protestations contre le nouvel ordre politique connaissent un regain d’intensité depuis l’intronisation de Michel Temer. Plusieurs villes brésiliennes ont ainsi été le théâtre de manifestations après la destitution de Rousseff.
Pour enfoncer le clou dans le cercueil de la gauche brésilienne, progressiste et anti-impérialiste, la prochaine étape consistera probablement à priver Lula de son éligibilité, car celui-ci reste en tête des sondages en vue de 2018 ou d’élections anticipées, tandis que l’opposition, entachée par les scandales, ne profite pas des malheurs de Dilma Rousseff dans les intentions de vote.
Ainsi, en prenant le contrôle du Brésil après celui de l’Argentine, Washington vient de replanter fermement ses griffes dans la chair de l’Amérique du Sud, effaçant les révolutions démocratiques de l’Amérique Latine vers une véritable indépendance.
D’ailleurs les voisins anti-impérialistes du Brésil ne s’y sont pas trompés. En effet, le Venezuela, l’Équateur, la Bolivie et Cuba ont exprimé leur vive solidarité envers Dilma Rousseff face à ce qu’ils considèrent comme un coup d’État parlementaire téléguidé par Washington.
Le Parti Anti Sioniste exprime son soutien à la dirigeante brésilienne qui a eu le courage de ne pas se soumettre à l’empire américano-sioniste et aux élites bancaires, pour se mettre au service de son peuple et de la justice, ce qui force le respect.
Elle rejoint ainsi les grandes figures latino-américaines du militantisme progressiste anti-impérialiste et antisioniste, telles Fidel Castro, Hugo Chavez, Evo Morales ou Che Guevara.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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