Publié sur Le Qatar bientôt hors du giron américano-sioniste ?
Un mois après le début de la spectaculaire crise diplomatique entre le Qatar et une coalition arabe menée par Ryad et le Caire, la situation ne s’est toujours pas débloquée.
En effet, on se souvient que le 5 juin dernier, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte, avaient rompu toutes relations diplomatiques avec Doha, l’accusant de soutenir le terrorisme.
L’unique frontière du pays, celle avec l’Arabie Saoudite, est ainsi fermée par Ryad depuis cette date, alors que l’espace aérien des cinq états arabes concernés est interdit aux avions qataris, une mesure accompagnée également d’une suspension des liaisons maritimes et du rappel de leurs ressortissants.
Un véritable blocus économique a donc été mis en œuvre, qui a eu pour conséquence d’obliger le Qatar à se tourner vers l’Iran et la Turquie, pour assurer ses besoins en produits alimentaires.
Deux pays en qui Doha a trouvé un soutien de poids, alors que leurs intérêts régionaux n’étaient pas forcement partagés jusqu’à là. C’est notamment le cas en Syrie, où la République islamique d’Iran soutien activement le peuple et l’armée loyaliste, contre les hordes tafkristes téléguidées par Washington et Tel-Aviv et financées par Ryad et Doha…
Pour ce qui est de la Turquie, les liens sont beaucoup plus profonds, en partie en raison du soutien apporté par Doha au mouvement des frères musulmans, dont est issu le président Erdogan.
Ce dernier est d’ailleurs clairement intervenu dans cette crise, après avoir vertement critiqué les sanctions imposées à l’encontre du Qatar, en signant le 9 juin dernier une loi permettant le déploiement de troupes sur la base qatarie d’Al-Rayan. Cela implique une augmentation du contingent de l’armée turque basé au Qatar de 94 à 600 personnes et permet également à l’armée turque d’envoyer jusqu’à 5.000 militaires sur place en cas de besoin.
La fermeture de cette base militaire turque a d’ailleurs été exigée par l’Arabie Saoudite et ses alliés, dans un ultimatum lancé à Doha le 23 juin dernier, dans lequel figuraient également une douzaine d’autres exigences, dont la fermeture de la chaîne de télévision « al jazeera » ou la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran.
Une liste rejetée le 3 juillet par Doha, la jugeant « irréalisable » et portant atteinte à sa souveraineté nationale. Selon de nombreux experts, ces demandes semblent conçues pour être refusées, afin de créer le prétexte pour d’autres mesures punitives à l’encontre du Qatar.
Mercredi 5 juillet, les ministres des affaires étrangères de l’Arabie Saoudite et de ses alliés étaient réunis au Caire pour définir leur réponse au rejet de cet ultimatum, alors que le chef de la diplomatie qatarien, Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, appelait au même moment « au dialogue », soulignant que son pays était « prêt à s’engager dans un processus de négociation, dans un cadre clair qui garantisse sa souveraineté ». À l’issue de cette réunion du Caire, la coalition saoudienne a déclaré que les sanctions économiques engagées à l’encontre du Qatar seraient maintenues et que de nouvelles sanctions étaient possibles.
Les raisons évoquées par la monarchie saoudienne à cette crise sont donc le soutien du Qatar au terrorisme, mais son ultimatum à l’encontre du micro-État du Golfe est surtout lié à une volonté d’écraser l’influence de sa bête noire iranienne dans la région.
D’autres raisons, plus officieuses, relèvent d’une rivalité établie depuis 1995 entre les deux pays. L’Arabie Saoudite, aujourd’hui dirigée de fait par le jeune et belliciste prince héritier, Mohamed Ben Salman, voit ainsi d’un très mauvais œil l’autonomie régionale des Qatariens. Les terrains d’opposition sont divers, surtout depuis les « pseudo-révolutions arabes » – Égypte, Libye, Yémen, Tunisie –, au cours desquelles Doha a souvent apporté son soutien aux djihadistes terroristes « pseudo-révolutionnaires », tandis que Riyad appuyait plutôt les dictateurs en place. Les deux travaillant évidemment dans le sens des intérêts de leurs maîtres américano-sionistes.
Mais le Qatar n’est pas aussi isolé que cela et possède également de nombreux soutiens dans cette crise. Mise à part celui de la Turquie, que nous avons déjà évoqué, Doha bénéficie également de l’appui du gouvernement irakien. En effet, le Premier ministre Haider al-Abadi a estimé que les sanctions contre l’émirat « ne frappaient pas les autorités, mais le peuple ».
D’autres pays, comme l’Algérie, le Koweït, Oman, le Maroc et la Jordanie refusent également de se positionner contre l’émirat.
Téhéran de son côté, observe la situation avec attention, et s’est pour le moment, contenté d’ouvrir son espace aérien et ses ports aux avions et navires qataris en condamnant le blocus imposé par Ryad.
Le groupe de soutien au Qatar ne se limite pas aux pays du Moyen-Orient. En Asie du Sud, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a été l’un des premiers à annoncer sa réticence à rompre les relations diplomatiques de son pays avec le Qatar.
Enfin, Doha pourrait également bénéficier d’un soutien en Europe, car les importateurs européens d’hydrocarbures qataris ne souhaitent pas que la situation se détériore dans la région et appellent déjà à régler le conflit au plus vite.
« Tout cela montre qu’autour du Qatar se forme une coalition alternative capable de s’opposer d’égal à égal à l’Arabie Saoudite et à ses alliés », estime Grigori Kossatch, professeur à la faculté de l’Université d’État des sciences humaines de Russie.
Abdel Bari Atwan, le rédacteur en chef du journal « Rai al-Youm », dont les analyses sont souvent très perspicaces, tire également les mêmes conclusions, en envisageant « la possibilité de la formation d’une nouvelle coalition entre l’Iran, la Turquie, l’Irak, la Syrie, la Russie et le Qatar ».
Le Parti Anti Sioniste suit avec attention la crise qatarie, à la faveur de laquelle de nouvelles alliances sont susceptibles de se créer.
Il est peu probable que cette crise dégénère en guerre ouverte, car les multinationales occidentalo-sionistes auraient trop à y perdre en matière d’argent, mais elle pourrait décider le Qatar à quitter le giron sioniste et modifier sa politique régionale.
Ainsi, en décidant de vouloir soumettre Doha à tout prix et de façon brutale, le royaume wahhabite saoudo-sioniste va une nouvelle fois renforcer l’Axe de la Résistance en croyant pouvoir l’écraser.
Ce nouveau complot, derrière lequel se cachent sans nul doute les mêmes, se fracassera une nouvelle fois contre le rocher de la Résistance, qui avance inéluctablement vers la victoire promise.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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