Publié sur Vers un axe Ankara-Moscou ?
Le 9 aout dernier, le président russe Vladimir Poutine recevait au palais Constantin de Saint-Pétersbourg, son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, qui effectuait là sa première visite à l’étranger depuis le putsch manqué du 15 juillet.
Ce dernier proposait à « son ami Vladimir » toute une série de mesures visant à restaurer les relations bilatérales entre les deux pays. Celles-ci avaient été fortement mises à mal après l’incident de novembre dernier, lorsque des chasseurs turcs avaient abattu un bombardier russe au-dessus du ciel syrien. L’incident, qui s’était soldé par la mort d’un pilote russe, révélait les profondes divergences entre les deux pays vis-à-vis de la crise syrienne.
En effet, alors que Moscou soutenait militairement Damas, Ankara s’était alignée sur la ligne occidentale exigeant le départ du président Al Assad, et soutenant les groupes terroristes sévissant dans le pays.
Aujourd’hui, après 9 mois de crise, l’affaire est oubliée, et c’est avec une satisfaction à peine voilée que le « Tsar » de Moscou reçoit le « Sultan » d’Istanbul, qui arrive en position de demandeur. Une scène pleine d’ironie lorsque l’on se souvient de l’attitude arrogante d’Erdogan envers son homologue russe quelques mois auparavant.
Mais entre-temps, de l’eau a coulé sous les ponts du Bosphore, et le président turc, qui a été à un cheveu de perdre la vie et le pouvoir, n’est plus en odeur de sainteté sur la scène internationale.
Si, dès la fin du mois de juin, Erdogan s’est résolu à présenter ses excuses au président Poutine, c’est essentiellement pour trois raisons :
La première est d’ordre économique. En effet, les sanctions prises par Moscou à l’encontre d’Ankara commençaient à peser sérieusement sur l’économie turque.
Gel des importations de produits agricoles, suppression des vols charters entre les deux pays, appel aux touristes russes à boycotter la destination Turque, complications administratives pour les sociétés turques installées en Russie ; autant de mesures de rétorsions, avec pour conséquence l’effondrement des échanges commerciaux entre les deux pays, portant surtout préjudice à une économie turque déjà mal en point.
La seconde raison de ce rapprochement est d’ordre géopolitique. Alors qu’Ankara était fortement impliquée dans le conflit syrien, notamment dans son soutien logistique à divers groupes djihadistes, celle-ci a visiblement eu peur d’être le dindon de la farce d’une sortie de crise américano-russe, qui pourrait aboutir à la création d’une entité kurde sur son flanc sud, hantise de la Turquie.
La dernière cause de ce nouveau départ entre Moscou et Ankara réside dans l’attitude de Poutine, qui a été l’un des premiers chefs d’état à apporter son soutien à Erdogan lors du coup d’état avorté de juillet, et qui tranche singulièrement avec celle des dirigeant des pays occidentaux, pourtant alliés de la Turquie, membre de l’OTAN.
En effet, ce dernier a été très désappointé par les réactions de ses amis de l’US/OTAN, qui ont condamné le coup d’état manqué du bout des lèvres et critiqué la manière avec laquelle le président Erdogan a réprimé les putschistes et leurs alliés, ainsi que les purges qui ont suivi. De quoi alimenter la méfiance du sultan d’Istanbul, envers cet occident donneur de leçons de démocratie, qui s’accompagne désormais d’un anti américanisme virulent.
En effet, Washington héberge le principal accusé du coup de force, Fethullah Gülen, et refuse de le remettre aux autorités turques, ce qui pousse Ankara à voir clairement la main des services américains dans le putsch raté de juillet. Les autorités turques ne se sont pas privées de le faire savoir par de nombreux canaux plus ou moins officiels.
Ces chamailleries atlantistes font les affaires de Moscou, sur fond de fortes tensions avec l’OTAN qui n’en finit pas de provoquer la Russie en amassant armes et troupes à ses frontières.
Va-t-on assister à une redistribution des cartes ? La déception d’Erdogan va-t-elle le pousser à s’allier à la Russie de façon beaucoup plus formelle ?
Malgré les certitudes de certains experts, qui pensent cela inimaginable, cette éventualité est loin d’être négligée par les responsables occidentaux. Pour preuve, les réactions fortement teintées d’inquiétudes des pays de l‘axe américano-sioniste, à commencer par Israël.
En effet, l’entité criminelle avec qui la Turquie a annoncé une normalisation quelques jours à peine avant le putsch, a manifesté son inquiétude devant une potentielle « entente nouvelle » au Moyen-Orient, comprenant Moscou, Téhéran, Ankara, Bagdad, Damas et le Hezbollah libanais ! Un cauchemar pour l’entité sioniste, mais aussi pour son grand frère américain qui envisage sérieusement de retirer ses armes nucléaires stockées en territoire turc.
En attendant, dans le domaine économique, les affaires reprennent. Moscou a mis fin aux sanctions contre Ankara et les grands projets conjoints sont relancés (projet de gazoduc Turkstream, centrale nucléaire d’Akkuyu).
Du côté de la crise syrienne aussi, la tendance est au rapprochement. Ainsi, deux jours après la rencontre Poutine-Erdogan, la Turquie acceptait la présence de représentants du gouvernement Al- Assad aux négociations sur l’avenir de la Syrie et appelait la Russie à des frappes conjointes contre Daesh. Même si dans le même temps, le président turc affirmait dans les colonnes du journal « le monde » qu’aucune solution ne serait possible en Syrie sans le départ du président Al-Assad.
On semble assister aujourd’hui à une formidable partie de poker menteur, et quand bien même l’attitude antioccidentale d’Erdogan ne serait qu’un coup de bluff, il est clair que celui-ci aura été fortement échaudé par les derniers évènements ayant secoué son pays, et sa confiance en ses alliés occidentaux, fortement ébranlée.
Le Parti Anti Sioniste réitère son souhait de voir la Turquie rejoindre Moscou dans son soutien à l’axe de la résistance et contrarier ainsi les projets sionistes au Moyen-Orient.
En s’alliant à la Russie et à l’Iran « chiite », la Turquie « sunnite » pourrait permettre d’accélérer la résolution de la crise syrienne mais aussi, par la même occasion, anéantir le projet sioniste de guerre frontale entre chiites et sunnites visant à détruire le monde musulman.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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