Publié sur Arabie-Israël-Égypte : la triple alliance
Le mois dernier a eu lieu un véritable coup de théâtre géostratégique et diplomatique, avec l’annonce par l’Égypte du transfert de deux îles, Tiran et Sanafir, sous souveraineté de l’Arabie Saoudite, à la suite de négociations secrètes où Israël a été impliqué en raison des clauses limitatives du traité de paix de Camp David de 1979.
Cet évènement est apparu comme une surprise totale pour beaucoup d’observateurs, et il marque un renforcement des liens entre Le Caire et Riyad, sous le parrainage de l’entité sioniste.
Cela prouve qu’Israël, l’Arabie et l’Égypte se sont engagés sur une nouvelle ère de relations géostratégiques et diplomatiques et l’on peut considérer qu’il s’agit d’un événement majeur dans les relations tripartites.
L’Égypte vient donc de transférer à l’Arabie saoudite la souveraineté des deux îles inhabitées de la Mer rouge, Tiran et Sanafir, qui se trouvent au sud de Suez et entre les deux pays.
Ce qui pourrait sembler ne concerner que deux états en concerne un troisième : Israël.
En effet, au nord du golfe d’Aqaba, se trouve la ville ainsi que le port israélien d’Eilat, et la cession des deux îles revêt une importance stratégique majeure pour l’entité sioniste, sachant que toute fermeture du détroit de Tiran signifierait une crise majeure pour Israël, et le début d’un engrenage susceptible de conduire à une guerre régionale.
Eilat est un port essentiel par lequel transite le commerce entre Israël et l’Asie. On se souvient ainsi que le blocus du détroit de Tiran, décidé par Nasser en 1967, a joué un rôle décisif dans le déclenchement de la guerre des Six Jours, et l’entité sioniste avait alors occupé ces îles jusqu’au traité de paix avec l’Égypte en 1979. Le statut de ces îles a été détaillé dans les termes dudit traité et, dans le cadre de ce transfert, Israël a reçu l’assurance que la libre circulation dans le détroit de Tiran, lui serait assurée. Les Américains ont cosigné l’accord en gage de garantie.
L’action du président égyptien Abdel Fattah el Sissi a soulevé de virulentes critiques en Égypte, où le chef d’État est accusé d’avoir bradé une partie du territoire national. Il s’est expliqué en rappelant que ces îles ont toujours été la propriété de l’Arabie qui les avait transférées à l’Égypte en 1950 pour empêcher l’armée israélienne d’en prendre le contrôle. Ces explications n’ont convaincu personne et pour nombre d’Égyptiens qui ont exprimé leur indignation, Sissi a vendu les deux fameuses îles aux Saoudiens, contre un pont et des pétrodollars.
En effet, en échange de ce geste de la part du dirigeant égyptien, le Roi Saoudien Salman, s’est engagé à aider l’Égypte durant les cinq prochaines années afin de lui rendre sa solvabilité économique, et de gros investissements saoudiens sont planifiés pour sauver l’économie égyptienne d’un éventuel effondrement.
Parmi ces projets, figure l’édification d’un pont entre l’Égypte et l’Arabie au-dessus de la mer rouge, et pour lequel les deux îles transférées devraient servir d’appui.
L’un des objectifs de ce pont, qui va relier les continents africain et asiatique, est la facilitation des échanges économiques et humains. L’autre objectif, officieux et plus stratégique, concerne la sécurité.
Riyad est obsédé par le risque de déstabilisation de soulèvement à l’intérieur du pays et ce pont garantirait une capacité de réaction immédiate des forces égyptiennes au cas où l’Arabie saoudite se sentirait menacée.
Le transfert des deux îles à l’Arabie Saoudite révèle par ailleurs une partie du dialogue qui s’est établi entre Israël et ses voisins .
Israël a de bonnes relations avec l’Égypte depuis les accords de paix de Camp David entre les deux pays, dont les appareils de sécurité partagent les mêmes intérêts, notamment la lutte contre la résistance palestinienne à Gaza.
Pour l’Arabie Saoudite, l’Égypte reste ainsi un allié stratégique, au moment où Riyad connaît de graves tensions avec l’Iran, en rapport notamment avec les conflits en Syrie et au Yémen.
Cet acte, la cession des îles à Riyad, montre aussi les liens de plus en plus forts qui unissent l’Arabie saoudite et Israël. Alors que les deux pays n’ont toujours pas de liens formels, et que l’Arabie saoudite ne reconnaît pas l’existence de l’entité criminelle sioniste, le dialogue israélo-saoudien, est depuis quelques années un secret de polichinelle dans le monde géopolitique. En effet, de hauts fonctionnaires des deux pays se sont rencontrés en public à plusieurs reprises.
On assiste donc à une recomposition des relations régionales, avec l’émergence d’une alliance Arabie Saoudite -Egypte-Israël, dont l’objectif principal est en réalité très clair : contrer la montée en puissance de la République islamique d’Iran, fer de lance de la résistance anti-sioniste.
Face à cette alliance sioniste, se dessine un axe Téhéran-Moscou, déjà à l’œuvre en Syrie, et qui se verrait conforter par le projet commun de creusement d’un canal maritime depuis la mer Caspienne jusqu’au golfe Persique via l’Iran.
Ce canal, s’il vient à se réaliser, bouleversera en profondeur les équilibres géostratégiques de la région. Devenant la puissance commerciale centrale du Moyen-Orient, l’Iran disposerait d’un effet d’un levier considérable face à la Turquie et aux puissances sunnites du Golfe. La Russie quant à elle, désenclaverait considérablement son territoire et ouvrirait une voie providentielle pour se tourner vers l’Asie, devenant ainsi la puissance médiatrice entre l’Europe et l’Asie. Cette nouvelle voie maritime lui permettrait ainsi de contourner la Turquie et l’Égypte (deux pays traditionnellement proaméricains) et d’obtenir un autre accès aux mers chaudes, en particulier à l’Océan indien.
La chine est aussi concernée, car ce projet entrerait aussi dans le cadre de la “Nouvelle Route de la Soie” lancée par Pékin pour accroître ses échanges commerciaux avec l’Europe et étendre son influence à l’ensemble du Moyen-Orient.
Ainsi donc, la cession de ces îles à Riyad révèle une importante recomposition régionale qui voit se dessiner au grand jour une nouvelle alliance, entre l’entité criminelle israélienne et les deux puissances arabes majeures que sont l’Arabie et l’Égypte.
Le Parti Anti Sioniste condamne cette triple alliance qui en réalité n’en est pas une, car ces deux nations sont dans un rapport de soumission vis-à-vis de l’entité sioniste avec qui ils ne traiteront jamais d’égal à égal.
Il est triste de voir l’apathie du monde musulman face à la traitrise de ses dirigeants, rejoignant l’axe de l’oppression et collaborant de manière éhontée et officielle avec l’état criminel israélien.
L’Arabie Saoudite apparait aujourd’hui pour ce qu’elle est : le principal instrument du projet sioniste dans la région du Moyen-Orient. Son alliance avec l’Égypte, sous le patronat du régime criminel israélien, a un objectif clair : s’opposer à la République islamique d’Iran, fer de lance de l’axe de la résistance face au sionisme.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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